Voici le témoignage de Paul, Adjudant dans la Gendarmerie mobile, alors à l'escadron de Belfort. En juillet 1957, une grève des gardiens de prison a lieu en France :
"En 1957, alors que nous sommes à notre résidence à Belfort, notre escadron est requis pour aller en réserve à Paris en prévision de la grève probable de plusieurs services de l'Etat et, notamment, des gardiens de prison.
Notre service consiste à assurer une permanence de 6 heures devant l'entrée des deux prisons principales : La Santé et Fresnes.
Ce matin-là, les gardiens quittent leur service mais aucune relève ne se présente pour les remplacer. Le Directeur de l'établissement est seul, il alerte les autorités et se précipite vers notre car : "Je n'ai plus de gardiens, des renforts arrivent, prenez les dispositions pour les empêcher de sortir." En quelques secondes, je dispose mes personnels en demi-cercle devant l'entrée, les trois fusis mitrailleurs en batterie, prêts à faire feu. Des bruits montent de la prison, des cris, des hurlements.
Soudain la porte s'ouvre, M. Ben Bella apparaît avec une dizaine de détenus. Nous nous avançons l'un vers l'autre. Je lui dis : "Bonjour M. Ben Bella" et lui fais connaître que j'ai des ordres pour empêcher toute tentative d'évasion. Il me répond : "Bonjour mon adjudant, je suis heureux que vous m'ayez reconnu, je suis un ancien sous-officier de l'Armée Française, je ne veux pas tenter de m'évader. Je veux être considéré, avec mes compagnons, comme un prisonnier politique."
Les sirènes des éléments de renfort se rapprochent. M. Ben Bella fait signe à ses compagnons de rentrer à la prison, il me fait signe de la main et la porte se referme.
La police et les pompiers mettront deux jours pour ramener l'ordre dans la prison."
Notre service consiste à assurer une permanence de 6 heures devant l'entrée des deux prisons principales : La Santé et Fresnes.
Ce matin-là, les gardiens quittent leur service mais aucune relève ne se présente pour les remplacer. Le Directeur de l'établissement est seul, il alerte les autorités et se précipite vers notre car : "Je n'ai plus de gardiens, des renforts arrivent, prenez les dispositions pour les empêcher de sortir." En quelques secondes, je dispose mes personnels en demi-cercle devant l'entrée, les trois fusis mitrailleurs en batterie, prêts à faire feu. Des bruits montent de la prison, des cris, des hurlements.
Soudain la porte s'ouvre, M. Ben Bella apparaît avec une dizaine de détenus. Nous nous avançons l'un vers l'autre. Je lui dis : "Bonjour M. Ben Bella" et lui fais connaître que j'ai des ordres pour empêcher toute tentative d'évasion. Il me répond : "Bonjour mon adjudant, je suis heureux que vous m'ayez reconnu, je suis un ancien sous-officier de l'Armée Française, je ne veux pas tenter de m'évader. Je veux être considéré, avec mes compagnons, comme un prisonnier politique."
Les sirènes des éléments de renfort se rapprochent. M. Ben Bella fait signe à ses compagnons de rentrer à la prison, il me fait signe de la main et la porte se referme.
La police et les pompiers mettront deux jours pour ramener l'ordre dans la prison."
Recueilli par E. Augris, octobre 2007
[Photo : avril 1957, Pâques en Algérie, collection personnelle P. A.]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire