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Les prémices de la première phase de l'insurrection d'El Mokrani, déclenchée après qu'il eut présenté pour la deuxième fois sa démission de son poste de bachaga sont marquées par les insurrections à Ahras par El Kablouti et à Laghouat par Ben Chohra et Bouchoucha. Le déclenchement effectif est marqué par la restitution au ministère de la guerre de son insigne de bachaga et la tenue de plusieurs réunions avec ses hommes et de hauts dirigeants. Le 16 mars, débute son avancée vers la ville de Bordj bou Arréridj à la tête d'une troupe estimée à sept mille cavaliers afin de faire pression sur l’administration coloniale. L’insurrection atteint par la suite Miliana, Cherchell, M’sila, Boussaâda Touggourt, Biskra, Batna et Ain Salah. Cependant plusieurs désaccords naissent au sein de la famille d’El Mokrani. Face a cette situation ce dernier rejoint le cheikh Haddad, chef de la confrérie musulmane soufie Rahmaniyya, qui proclame le djihad contre les colons le 8 avril 1871. 145000 hommes, issus de deux cents cinquante tribus sont mobilisés. Mais malgré les capacités de mobilisation pour le combat les désaccords refont surface particulièrement suite à la mort d’El Mokrani le 05 Mai 1871 au cours de la bataille de Oued Souflat. Ces conflits ont lieu entre Aziz, fils de Cheikh El Haddad, et Boumezrag frère d’ El Mokrani. Le recul de la résistance est également lié au conflit interne aux zaouïas (établissement d’enseignement religieux) de Rahmaniyya. Le 08 octobre 1871 Boumezrag se dirige vers le Sahara. Les Français en prennent connaissance et l’arrêtent le 20 janvier 1872 à Ouargla . Il est envoyé au bagne de Nouvelle Calédonie. le 19 Avril 1873 le Cheikh El Haddad est condamné à cinq ans d’emprisonnement mais meurt dix jours après sa détention.
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Ces nouveaux arrivants, appelés « les Kabyles du Pacifique », ne reverront jamais leur pays.La traversée dura cinq mois et les déportés étaient enfermés dans des cages en fer. De nombreux détenus mouraient, de maladies tels la phtisie, le scorbut, la gangrène ou d’inanition, ne réclamant aucun soin médical. Le carnet de bord du médecin Major Dubuquois décrit avec précision les conditions de voyage de ces déportés : "Il se sont volontairement laissés mourir", " 1 405 personnes à bord, 320 condamnés dont 39 Kabyles, sur ces derniers il y a 5 décès". Ces derniers se nourrissaient de façon inadéquate, il subissait les rationnements et souffrait d’insalubrité. A l’île des Pins où ils sont détenus les insurgés kabyles côtoient d’autres insurgés, les Communards, auxquels une étroite solidarité les unit.

Certains condamnés connaissent un sort plus cruel que leurs camarades. Les bagnards exécutent presque tous des travaux forcés d’intérêt général ; ils bâtissent eux-mêmes leur prison et les infrastructures nécessaires à la vie en communauté pour l’urbanisation du territoire. A Nouméa, enchaînés les uns aux autres, ils effectuent les travaux de remblaiement du centre ville, l’exploitation de la forêt, l’ouverture des routes, l’assèchement des marécages, port de lourdes charges jusqu’à l’épuisement. Les plus robustes remplissent les « contrats de la chair humaine » : des centaines de forçats sont loués quatre fois moins cher que la main d’œuvre libre pour creuser dans les mines pendant environ 20 ans. Ceux qui sont condamnés à la réclusion à perpétuité n’exécutent pas les travaux forcés et sont parqués dans de minuscules cellules sombres et humides. Les hommes ne sortent pas et n’aperçoivent jamais la lumière du jour. Pour servir les colons libres, le gouverneur Guillain crée la catégorie des « assignés », composée de condamnés à la conduite satisfaisante et autorisés à travailler chez des particuliers comme « garçons de famille » s’adonnant aux tâches ménagères : repassage, lessive et cuisine. D’autres assignés sont affectés à l’administration du bagne.
Les déportés kabyles ont connu exactement le même sort que les communards français, et il y a donc eut entre eux une sorte de complicité. Ses deux catégories de prisonniers étaient entièrement opposées. Elles n’avaient rien de comparable historiquement géographiquement et culturellement parlant, mais elles étaient toutes deux animées d’un sentiment d’injustice et ont combattu l’état français en place et aussi connu la même sentence, l’enferment loin des leurs. C’est ce qui a permis le rapprochement de tous les prisonniers.

Une fois libérés, les uns rentrent en Algérie mais d'autres restent en Nouvelle-Calédonie. On peut être amené à penser qu'ils n’ont pas choisi de s’installer et qu’ils auraient aimé rentrer eux aussi. A titre d’exemple, l’on tente par tous les moyens de retenir Boumezrag, qui représente toujours une menace et ce dernier serait même entré dans l’armée française pour mener une répression, avec cinquante autre soldats algériens, contre la révolte d’une minorité Calédonienne, les Canaques.Aujourd’hui, il reste encore des traces de la présence de ses kabyles dans le Pacifique. En effet, assez prêt de Nouméa, chef-lieu de la Province Sud, se trouve la « Vallée des arabes » et non loin de la il y a le cimetière des Arabes où sont enterrés les anciens déportés algériens. Les personnes sont enterrées dans le pur rite musulman, tombes orientées vers la Mecque. En plus du cimetière, on retrouve aussi des populations qui s’efforcent de ne pas « oublier » leur culture et leurs traditions. Ils parlent en effet certains mots d’arabe, font parti d’une association de musulmans de la région, ils ont aussi une mosquée et un centre religieux où l’on célèbre toutes les fêtes musulmanes. En pénétrant dans le Nessadiou (vallée des arabes), on a l’impression de se retrouver dans un véritable petit village kabyle.
Célia.A, Célia.C, Sara.C, Malik.H
• http://www.algerie-dz.com/article1019.html
http://www.amnc.org/amnc/algeriens.php
• http://fr.wikipedia.org/wiki/Kabyles_du_Pacifique
•http://www.amnc.org/images/bourail_long.jpg•