vendredi 18 avril 2008

Les Harkis



Tout d’abord, qui sont ils ?


Avant la guerre d’Algérie, il y avait déjà plus d’un terme pour désigner ceux que les Français trouvèrent en 830 : Indigènes, autochtones, Arabes, Berbères,...
Puis on eut recours au qualificatif "Musulman", avec un M majuscule pour le différencier de l’adjectif "musulman" désignant lui les pratiquants de l’Islam. Il y eut ainsi des Français Musulmans, qu’on continua à appeler "Musulman" même lorsqu’il s’agissait de convertis au catholicisme, le tribunal d’Alger ayant tranché le débat par cette formule sans appel :"Le Musulman reste Musulman même s’il n’est plus mahométan !"
Plus tard, la terre algérienne devenant administrativement française, il fallu trouver une dénomination juridique : on eut droit au Français de souche nord africaine (FSNA) par opposition au Français de souche européenne (FSE).

Durant 8 ans les harkis se sont battus au coté des français. Pour certains leur situation était difficile, car ils étaient séparés entre l’Algérie et la France et soumis aux pressions.

Pendant la guerre en Algérie, ils furent plus de 180 000, considérés comme des traîtres dans leur pays d’origine.

Pour les Harkis qui purent se réfugier en métropole après le cessez le feu du 19 mars 1962, s’il eut une chose dont ils n’ont pas manqué, ce sont bien les appellations, d’origine non contrôlée ! Harkis, supplétifs, Français de confession islamique, Rapatriés d’origine nord africaine, Français Musulmans rapatriés (FMR). Ironie de la langue, c’est FMR qui durera...
Mais aujourd’hui, le terme harkis revient en force, revendiqué par les enfants. On parle de seconde génération de Harkis comme si c’était un trait héréditaire, traduisant un vrai malaise. Car on ne naît pas Harki. On le devenait entre 1954 et 1962 !
Harkis regroupe de fait aujourd’hui non seulement les supplétifs mais tous ceux qui ont dû quitter l’Algérie en raison de leur comportement jugé pro français par le FLN.

Pourquoi des supplétifs ?


L’intérêt pour la France de recourir à des forces supplétives "indigènes" était multiple :


1/ d’abord profiter de la parfaite connaissance du terrain par les supplétifs dans leur région. Les combattants, "moudjahiddines" ou « fellaghas», peu nombreux, sans matériel lourd ni bases de repli sécurisées (sauf en Tunisie et au Maroc) agissaient principalement par embuscades rapides et par actes de terrorisme. Leurs atouts étaient la mobilité, la connaissance du terrain, l’aide spontanée ou sous contrainte de la population. Les harkis, notamment ceux faisant partie des commandos de chasse, s’avéraient précieux pour retrouver caches et rebelles disséminés et dissimulés dans la nature. Paysans et chasseurs, leur région n’avait guère de secrets pour eux. De plus, parmi les harkis, 3000 étaient d’anciens de l’ALN faits prisonniers et "retournés" ou ayant fui par refus des exactions qu’ils ont vues pratiquer contre les civils. Ceux là connaissaient bien les habitudes et les façons d’agir des "fellaghas" et ont pu ainsi contribuer efficacement à contrecarrer leur action. Ils étaient d’excellents soldats.


2/ Ensuite couper les "fellagas" de la population. Dans toute guerre subversive, et celle d’Algérie en était une, la population est le véritable enjeu. Par conviction ou par la violence, elle doit prendre position, choisir un camp. Pour le FLN, le soutien de la population lui est indispensable pour légitimer son action mais il lui est également vital pour la survie physique de ses troupes combattantes. Celles-ci en effet ne bénéficient pas de la logistique d’une armée d’Etat. Peu nombreux et n’apparaissant que fugitivement et exceptionnellement le jour, les combattants d’ALN ont besoin, la nuit en général, de l’aide des villageois pour organiser des sabotages (destruction des ponts, de poteaux électriques, de vergers, etc...) et aussi pour être nourris et soignés. Pour priver le FLN de ce soutien, l’armée française eut recours à deux stratégies : - d’une part "vider" certaines zones de ses habitants, en déplaçant des populations vers des centres de regroupement, et en détruisant les villages. Le principe était simple et résumé ainsi par des militaires :"les maquisards sont parmi la population comme des poissons dans l’eau ; vidons l’eau..." La mise en place du principe était moins simple car il n’était pas possible de vider toutes les campagnes et ces déracinements forcés étaient souvent mal vécus par les villageois. De plus lorsque le FLN infiltrait ces regroupements, son travail de propagande était facilité. - D’autre part, interdire à ceux « montés au maquis » l’accès aux villages par l’organisation de villages en autodéfense (GAD).


3/ Contester la représentativité du FLN. L’engagement de Musulmans contre les directives du FLN, par la multiplication des formations supplétives et par les prises de position de l’élite francisée, devait montrer qu’une partie de la population était avec la France, réfutant ainsi la prétention du FLN à être l’unique représentant de tous les "Musulmans" d’Algérie.


4/ Limiter le nombre d’appelés en Algérie. On sait qu’une partie de l’opinion française n’était pas favorable à l’envoi du contingent en Algérie. Des actions d’appelés notamment dans les gares et les ports, initiées ou soutenues par le parti communiste, la CGT ou l’extrême gauche, avaient attiré l’attention des médias. Or ce type de guerre anti-terroriste nécessite davantage des hommes que des avions ou des chars, en raison de l’obligation de quadriller le territoire pour rechercher des renseignements et traquer les rebelles dissimulés dans la nature ou au milieu des civils. Protéger villages, bâtiments et lieux publics contre des actes de terrorisme nécessitait également beaucoup de monde. Dans ces conditions, le recours aux supplétifs, en plus des avantages cités précédemment, contribuait à limiter le nombre d’appelés en Algérie.

Pourquoi combattre pour la France ?


Longtemps, l’engagement des Harkis a été vu uniquement avec des lunettes idéologiques : Patriotes français pour les uns, complices du colonialisme pour d’autres, la passion l’emportait sur la raison. On réécrivait l’histoire, l’embellissant parfois, la noircissant souvent mais la caricaturant toujours. Il est vrai que le silence des intéressés eux même rendait l’explication plus difficile.
Il en ressort que l’engagement de l’élite arabo-berbère francisée diffère de ceux des supplétifs. Mais à l’intérieur même de la catégorie des supplétif (harkis, moghaznis) les engagements sont divers, complexes, marqués par la sociologie de l’Algérie et la présence française séculaire. Les raisons qui font que ces hommes choisirent la France plutôt que leur propre pays, sont des massacres de leurs familles par des Algériens, dans l’espoir de vivre en paix en France, pour protéger leur village ou encore par patriotisme, l’Algérie étant française.

Après la guerre :


Dans leur engagement pour la France, les Harkis se sont sentis trahis lorsque DE GAULLE accorda l’indépendance à l’Algérie dans son fameux discours où il dit : « l’Algérie algérienne. » le 18 Mars 1962 par les accords d’Evian. De plus, malgré leur aide précieuse, quand les français quittèrent le pays, ils furent abandonnés sur place, désarmés et perdu au milieu d’Algériens qui leur vouaient une haine sans limite. Ceci donna lieu à de nombreuses arrestations (alors qu’ils étaient censés être protégé par les accords d’Evian) et surtout de nombreux massacres (60 000 exécutés). S’ils voulaient être rapatriés en France, ils avaient la possibilité de remplir des dossiers de demande de rapatriement mais la plupart étaient illettrés. Voyant que la situation se dégradait pour leurs anciens hommes, certains officiers, qui furent pour cela sanctionnés par le ministre de la justice, les rapatrièrent.
Ainsi pour ces soldats délaissés régnaient l’incertitude, le désarroi et surtout la peur des règlements de compte.

Finalement, en 1962, 40 000 harkis et leur famille arriveront officiellement en France ainsi que 45 000 autres clandestinement en ayant tout abandonné en Algérie.
Plus tard, 1 000 000 Harkis arriverons à Marseille, ils sont trop nombreux pour être logés, ils sont renfermés à cause d’une histoire douloureuse et enfin parle mal le français donc sont mal intégrés sauf dans quelques communes du Sud de la France qui les prennent en charge.
Ainsi, le gouvernement en place créé des camps de transit où ils seront logés, interdit de sortie dans lesquels sont mis en place un régime militaire. Ils furent alors oublié pendant 13 ans…
En 1976, la vérité éclate sur ses camps qui, dès lors, seront fermés. Dans ses années, le chômage et la crise font rage et les harkis et leurs familles ont donc d’un mal à trouver un emploi.

Malgré le comportement de la France, ils continuent à aimer ce pays d’accueil car ils furent rejetés là d’où ils viennent. Ils se considèrent comme français jusqu’à oublier leurs racines et leur langue.
Aujourd’hui, en Algérie, il existe toujours des réticences vis-à-vis des harkis comme le prouve les dires du président BOUTEFLIKA lors de son passage en France en 2000 : «[…] C’est exactement comme si on demandait à un français de la résistance de toucher la main à un collabo […] »

Travail réalisé par Aurélie, Emilie, Loïc et Delphin


Sources: Documentaire vidéo de Jean-Charles DENIAU datant de 2003


Benjamin STORA, La Guerre d'Algérie édition La Découverte
http://www.harkis.com/


divers autres sites internet...

2 commentaires:

Unknown a dit…

http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/la-france-l-algerie-les-harkis-et-118968#.UzQiNArHikk.email

Unknown a dit…

http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/la-france-l-algerie-les-harkis-et-118968#.UzQiNArHikk.email