mardi 29 avril 2008

L'immigration algérienne en France

Par sa situation géographique qui en fait un lieu de croisement des commerces et des populations, puis par son histoire d’ancienne puissance coloniale, la France est un pays de migration de longue date. C’est précisément depuis le milieu du XIXe siècle que la France est devenue un pays d’immigration de masse. En 2007, suite à l’élection de notre nouveau président, est crée le ministère de l’immigration et de l’identité nationale ainsi de nos jours de nombreuses questions persistent au sujet de l’immigration. Mais qu’est ce qu’un immigré ? en France, d’après la définition du haut Conseil à l’intégration, une personne née étrangère à l’étranger et entrée en France en cette qualité en vue de s’établir sur le territoire français de façon durable est un immigré. L’immigration signifie donc l'entrée, dans un pays, de personnes étrangères qui y viennent pour y séjourner et y travailler,…. L’Algérie fut longtemps une colonie française et n’obtint son indépendance qu’au prix d’une guerre. Le terme Franco-algérien est souvent utiliser pour désigner un français dont les ancêtres sont originaires d'Algérie. Et c’est principalement à partir du Xxe siècle que de nombreux immigrés algériens sont arrivés en France. Ainsi nous nous demanderons pourquoi et comment s'est effectuée l'immigration algérienne en France?
Nous allons ainsi présenter les différentes phases, ou périodes, de l’immigration algérienne en France ainsi que les différents raisons de celle-ci.

I) Les différentes phases de l’immigration algérienne en France :
1°)La première phase :
La première phase de l’immigration Algérienne en France débute en 1905, la main d’œuvre. Les Algériens travaillent dans les raffineries et huileries de Marseille, comme dockers ou comme chauffeurs sur des navires. Puis des centaines de travailleurs sont embauchés dans les mines et les usines du Nord et du Pas- de-Calais, les industries de Clermont-Ferrand et Paris. Dès 1912 on parle d’un véritable mouvement migratoire de 4000 à 5000 Algériens.
Dans le nord de la France c'est environ 1 500 kabyles qui travaillent dans les mines, pour un salaire normal et bénéficiant de l'application des lois sociales de l'époque pour les mineurs. Ils sont généralement bien accueillis par la population ouvrière. En
région parisienne, ils travaillent dans le bâtiment et les travaux publics, les industries chimiques, les raffineries de sucre Say, la compagnie des omnibus, les chemins de fer et le métro. Ils s'installent, dans les villes et se regroupent dans certains quartiers comme Montmartre.
Le mouvement migratoire s'accélère dès
1913 grâce à la suppression du permis de voyage qui était alors requis pour les Algériens et l'on compte, en 1914, environ 13 000 Algériens en France.

2) La première guerre mondiale :
Lors de la
Première Guerre mondiale, la France fait très largement appel aux travailleurs et au soldats de l'Empire colonial. Ils seront alors près de 80 000 travailleurs et 175 000 soldats à venir d'Algérie. Ceux qui ne sont pas sur le front sont employés dans les secteurs vitaux à l'effort de guerre, production d'armement, génie, aéronautique, transports, mines, etc. La participation des travailleurs coloniaux à l'effort de guerre, est reconnue et ils jouissent de la sympathie des français. À cette époque, les fêtes musulmanes sont célébrées en France avec un certain faste et l'on assiste à de nombreux mariages mixtes.

3°) Immigration Algérienne installée (1920-1939) :
Après guerre, la France rapatrie 250 000 travailleurs et soldats des colonies. Dès
1920, l'immigration reprend, la France, victorieuse mais ruinée par la guerre, est en partie détruite. Elle fait à nouveau appel aux travailleurs des colonies. Entre 1919 et 1931, on assiste à une immigration massive. Si la composante kabyle reste importante parmi les immigrés algériens, d'autres, comme celle des habitants du nord-ouest oranais gagne du terrain. C'est aussi durant cette période que naissent les premiers mouvements anti-impérialistes au sein de la communauté algérienne immigrée.

4°) Seconde guerre mondiale :
Quand, après
1943, de Gaulle s’installe à Alger, l'Empire à nouveau fournit les soldats et les crédits pour poursuivre la lutte. Les Nord-Africains forment le gros de l'armée d'Afrique dont les officiers eux viennent de métropole. Cette armée est engagée en Tunisie, en Italie puis lors de la bataille de France. Cependant de Gaulle refuse aux Algériens d'élire librement une Assemblée Constituante.

5°) Migration de travailleurs :
Après
1945, le flux migratoire reprend, les Algériens occupent des emplois dans les domaines qui permettent la reconstruction de la France et la relance économique, comme les mines et la sidérurgie, mais aussi l'industrie et la construction de nouvelles infrastructures. Dès 1947, les Algériens deviennent des franco-musulmans et commencent à s'organiser politiquement aussi bien en métropole qu'en Algérie.
Cependant, selon Daniel Lefeuvre, Professeur à l'Université de Paris 8 Saint-Denis, qui est l'un des grands spécialistes de l'Algérie française, il apparaît que l'immigration algérienne en France dans les années 50 a pour origine l'explosion démographique et la pauvreté. En effet, dans son ouvrage chère Algérie publié en 2005, il affirme que cette immigration ne répond pas aux besoins de main d’œuvre de l'économie française au cours des années de reconstruction ou des Trente Glorieuses mais bien à la situation terrible dans laquelle vivent les populations musulmanes à cette époque. Les ressources sont insuffisantes pour nourrir une population qui croît très vite. la misère s'étend et les Algériens sont contraints de s'expatrier pour nourrir leurs familles. Les administrateurs de la colonie encouragent cette émigration pour alléger la pression sociale. Mais la métropole est peu disposée à accepter ces nouveaux travailleurs, qui n'ayant aucune formation professionnelle, ne répondent pas à la demande des entreprises.
6°)La guerre d’indépendance(1954-1962) :
Le gouvernement de
Guy Mollet, en 1956, obtient du parlement les pouvoirs spéciaux, rappelle les réservistes et envoie le contingent en Algérie. En 1958, le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne(GPRA) est formé, le Front de libération nationale (FLN) prend le contrôle de l’émigration. Il lance une guerre contre le peuple français ennemi. Le FLN lance la guerre en France afin de rendre impossible toute solution démocratique au conflit algérien. De Gaulle tente un démantèlement du FLN et de ses réseaux terroriste. Finalement il négocie avec le seul GPRA, les accords d’Evian qui mettent un terme à la guerre d’Algérie et entérinent la libre circulation entre l'Algérie et la France des ressortissants des deux pays.
La presque totalité des Européens et des milliers de Franco-musulmans abandonnent l'Algérie et se réfugient en métropole. L'empire colonial se réduit, la France se tourne vers le
Marché commun et l'industrialisation qui requiert toujours plus de bras, l’émigration est alors la seule ressource. L'immigration algérienne explose alors au fur et à mesure que les chantiers s'ouvrent en France.
En 1962, les accords d’Evian, prévoient que les « ressortissants Algériens résidant en France auront les mêmes droits que les nationaux français, à l’exception des droits politiques ». Les autorités françaises pensaient que cette mesure faciliterait le retour au pays des travailleurs Algériens après l’indépendance. Or, à l’inverse, elle a entraîné un mouvement migratoire de travailleurs vers la France.
Le statut des ressortissants Algériens est aujourd’hui régi par un accord international franco-algérien signé le 27 décembre 1968 et plusieurs fois modifié par la suite. Ce régime, au départ très privilégié par rapport à celui auquel sont soumis d’autres nationalités, s’est progressivement rapproché du régime général. Il s’appelle le « certificat de résidence » :
· le certificat de résidence d’un an renouvelable est délivré à des étudiants, des stagiaires ou des travailleurs en contrat à durée déterminée.
· le certificat de résidence de dix ans concerne les autres travailleurs, qui doivent justifier d’une résidence régulière en France d’au moins trois ans, d’un emploi stable et de ressources suffisantes et stables. Ce certificat peut aussi concerner d’autres catégories de personnes, par exemple dans le cadre du regroupement familial.

Aujourd’hui, certains français d’origine algérienne reviennent dans ce pays pour y créer des entreprises ce qui l’aide à se développer.




II) Les raisons de l’immigration algérienne en France :

Le mouvement d’immigration en France était à l’origine un phénomène essentiellement européen. Jusqu’aux années trente, italiens, belges et polonais représentaient la majeure partie des effectifs de main d’œuvre étrangère. Venaient ensuite les Espagnols, les Portugais et les ressortissants de pays d’Europe centrale. Dans cet ensemble, les Algériens étaient minoritaires.
Comparativement à l’immigration d’origine européenne, l’immigration algérienne a été tardive. L’une des raisons en était que, jusqu’à la guerre de 14-18, les Algériens n’avaient pas le droit de circuler librement. Ces restrictions à la liberté de circulation, déjà en vigueur sur le territoire algérien, étaient d’autant plus rigoureuses lorsqu’il s’agissait pour les « indigènes » de venir en France à la recherche de travail. Tout déplacement était soumis à la délivrance par les autorités coloniales d’un « permis de voyage », une sorte d’Ausweiss avant la lettre, et pas toujours facile à obtenir. Cette contrainte particulière a retardé le mouvement migratoire algérien. Mais sitôt que le besoin de main d’œuvre se fait sentir, l’administration lâche les vannes. Ainsi, en 1911, 5 000 algériens avaient bénéficié d’une autorisation spéciale pour venir travailler dans les mines du Nord.
L’obligation au permis de voyage a été supprimée par décret le 15 juillet 1914, un mois avant le déclenchement de la guerre. La perspective du conflit, et son corollaire qui était la mobilisation générale laissaient déjà entrevoir en perspective que la main d’œuvre allait bientôt manquer. Il fallait donc y pallier de toute urgence au risque d’un effondrement économique. D’où l’assouplissement des procédures en vue de faciliter l’installation des Algériens sur le territoire français. Mieux encore, les autorités françaises n’ont pas craint de prendre un décret en 1917 pour réquisitionner 17 500 algériens comme ouvriers. Mais ce texte n’a jamais été appliqué, les recrutements volontaires ayant suffi pour répondre aux besoins en main d’œuvre de l’économie de la France
Les Algériens faisaient l’objet de discrimination, le plus souvent, ils ne pouvaient accéder qu’aux emplois les plus pénibles et les moins valorisés. Isolés de la population française, ils souffraient du racisme. Les employeurs leur imposaient une discipline spécifique. Dans de telles conditions d’existence, très rares étaient ceux qui s’installaient durablement. Une étude réalisée en 1930 établissait que la moitié des Algériens ne restaient en France que pendant 10 mois, d’autres demeuraient un an et demi, tandis que seuls 25 % se fixaient définitivement ou ne retournaient en Algérie que plusieurs années plus tard.
L’attitude de l’administration française face à l’immigration algérienne était ambivalente. D’un côté, il y avait les besoins de main d’œuvre engendrés par les pertes humaines et les destructions matérielles de la Première guerre mondiale. De ce point de vue, les nécessités commandaient de favoriser la venue en France d’ouvriers algériens.
Mais d’un autre côté il y avait des considérations politiques inhérentes au fait colonial. En Algérie, les « indigènes » étaient considérés comme des « sujets » français, à l’inverse des autres catégories de la population (les Européens et les juifs), ils ne bénéficiaient pas du statut de « citoyens ». De ce fait, ils étaient soumis à des règles spécifiques dont l’application en France était problématique.
Face à cette contradiction, l’administration a adopté la politique consistant à faire un pas en avant, un pas en arrière. En 1914 un décret est venu abroger l’obligation pour les Algériens de se munir d’un permis de circulation pour effectuer le moindre déplacement. En 1924, le ministre de l’Intérieur a entrepris de réduire le mouvement migratoire. Avant l’embarquement, les Algériens étaient dans l’obligation de produire un certificat d’engagement, un certificat médical et une carte d’identité. Dans le contexte colonial, chacun de ces documents était aussi difficile à obtenir qu’un visa de nos jours. Par ailleurs, le recrutement des « indigènes » était soumis à une procédure faite exprès pour décourager les employeurs. En outre, les Algériens n’avaient pas le droit de faire en venir en France leurs familles, sauf à des conditions particulièrement draconiennes.
Au mois de juin 1926, cette réglementation a été abrogée par la Conseil d’État qui l’a déclarée contraire à la liberté individuelle des « indigènes ».
Deux mois plus tard, le 4 août 1926 un décret (qui fut modifié le 4 avril 1928) est venu remplacer la circulaire. Le retoilettage était de pure forme. Les conditions pour les immigrés algériens étaient encore plus draconiennes. Outre les obligations précédentes, le postulant à l’immigration est tenu avant de venir en France de déposer en caution une somme d’argent qu’il ne récupérera qu’au retour.
Malgré ces contraintes, l’immigration algérienne s’est maintenue. Elle a perduré et s’est renforcée, avant de se développer massivement et durablement au lendemain de la deuxième guerre mondiale


Pour conclure, les immigrés algériens, appelés aussi sont arrivés en France pour diverses raisons, principalement pour le travail, dans les mines par exemple, pendant la 1ère guerre mondiale. Puis cette immigration s’est effectuée sur plusieurs périodes notamment suite à la 1ère ainsi qu’à la 2ème Guerre Mondiale mais également suite aux conséquences de la Guerre d’indépendance. L’immigration algérienne constitue ainsi une part importante de l’ensemble des nations représentées sur le territoire français.

Travail réalisé par Clément, Florian et Clément

3 commentaires:

amri bouriala alias le fennec du berry a dit…

Aujourd'hui, il semble important de mener un travail sur la question de la mémoire même si la France n'est pas reconciliée avec son passé en Algérie. C'est en boomerang que l'histoire de la colonisation lui revient en plein visage. Acculée, mal à l'aise, elle n'a jamais voulu gérer son histoire (peu de transmission de cette période de l'histoire aux générations post-guerre). La France est malade de son passé colonial pour l'avoir trop longtemps repousé et marginalisé des manuels scolaires.
Aujourd'hui, les jeunes issus de l'immigration et les autres se posent des questions sur ce qu'ils vivent en lien avec leur origine et les raisons des discriminations. Lorsqu'ils réfléchissent sur leurs difficultés, ils se heurtent bien souvent au passé colonial. Leurs revendications d'être français à part entière et de poser les choses une fois pour toute bouscule la société française. Je crois qu'il faut aider cette population à sortir de la dette identitaire et au même titre que la société française d'une amnésie qui les a grogi. Un thème central qui aura de plus en plus de poid dans les années à venir.
Pour un début de réponse voir le blog suivant : http://fennec-roulant.skyblog.com

Anonyme a dit…

Allons, allons Monsieur! Comme vous y allez !Auriez vous l'idée d'en faire de même vis à vis de la Turquie, et pourquoi pas de Rome .... Au fait qui étaient les envahisseurs de l'Algérie en ces temps reculés ??? Trêve de sarcasmes, la France vous a légué bien des richesses :des routes, des chemins de fer, des hôpitaux ,des écoles, un système administratif, des exploitations agricoles irriguées (aujourd'hui après 40 ans d'errance sous l'influence Russe, votre gouvernement rappelle des experts agricoles français, pour ré habiliter les mêmes exploitations!)...et bien sûr une langue commune à plus de trente nations ....alors il faudrait trouver un autre sujet. Par exemple, comment convaincre les Français à investir massivement dans votre pays...comme nous le faisons nous Chinois..Comment créer une communauté d'idées, de pensées ?comment insuffler à nos jeunes le plaisir de créer ensemble ?
Votre serviteur,
Luo YuanPei

Anonyme a dit…
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