mardi 29 avril 2008

L'immigration algérienne en France

Par sa situation géographique qui en fait un lieu de croisement des commerces et des populations, puis par son histoire d’ancienne puissance coloniale, la France est un pays de migration de longue date. C’est précisément depuis le milieu du XIXe siècle que la France est devenue un pays d’immigration de masse. En 2007, suite à l’élection de notre nouveau président, est crée le ministère de l’immigration et de l’identité nationale ainsi de nos jours de nombreuses questions persistent au sujet de l’immigration. Mais qu’est ce qu’un immigré ? en France, d’après la définition du haut Conseil à l’intégration, une personne née étrangère à l’étranger et entrée en France en cette qualité en vue de s’établir sur le territoire français de façon durable est un immigré. L’immigration signifie donc l'entrée, dans un pays, de personnes étrangères qui y viennent pour y séjourner et y travailler,…. L’Algérie fut longtemps une colonie française et n’obtint son indépendance qu’au prix d’une guerre. Le terme Franco-algérien est souvent utiliser pour désigner un français dont les ancêtres sont originaires d'Algérie. Et c’est principalement à partir du Xxe siècle que de nombreux immigrés algériens sont arrivés en France. Ainsi nous nous demanderons pourquoi et comment s'est effectuée l'immigration algérienne en France?
Nous allons ainsi présenter les différentes phases, ou périodes, de l’immigration algérienne en France ainsi que les différents raisons de celle-ci.

I) Les différentes phases de l’immigration algérienne en France :
1°)La première phase :
La première phase de l’immigration Algérienne en France débute en 1905, la main d’œuvre. Les Algériens travaillent dans les raffineries et huileries de Marseille, comme dockers ou comme chauffeurs sur des navires. Puis des centaines de travailleurs sont embauchés dans les mines et les usines du Nord et du Pas- de-Calais, les industries de Clermont-Ferrand et Paris. Dès 1912 on parle d’un véritable mouvement migratoire de 4000 à 5000 Algériens.
Dans le nord de la France c'est environ 1 500 kabyles qui travaillent dans les mines, pour un salaire normal et bénéficiant de l'application des lois sociales de l'époque pour les mineurs. Ils sont généralement bien accueillis par la population ouvrière. En
région parisienne, ils travaillent dans le bâtiment et les travaux publics, les industries chimiques, les raffineries de sucre Say, la compagnie des omnibus, les chemins de fer et le métro. Ils s'installent, dans les villes et se regroupent dans certains quartiers comme Montmartre.
Le mouvement migratoire s'accélère dès
1913 grâce à la suppression du permis de voyage qui était alors requis pour les Algériens et l'on compte, en 1914, environ 13 000 Algériens en France.

2) La première guerre mondiale :
Lors de la
Première Guerre mondiale, la France fait très largement appel aux travailleurs et au soldats de l'Empire colonial. Ils seront alors près de 80 000 travailleurs et 175 000 soldats à venir d'Algérie. Ceux qui ne sont pas sur le front sont employés dans les secteurs vitaux à l'effort de guerre, production d'armement, génie, aéronautique, transports, mines, etc. La participation des travailleurs coloniaux à l'effort de guerre, est reconnue et ils jouissent de la sympathie des français. À cette époque, les fêtes musulmanes sont célébrées en France avec un certain faste et l'on assiste à de nombreux mariages mixtes.

3°) Immigration Algérienne installée (1920-1939) :
Après guerre, la France rapatrie 250 000 travailleurs et soldats des colonies. Dès
1920, l'immigration reprend, la France, victorieuse mais ruinée par la guerre, est en partie détruite. Elle fait à nouveau appel aux travailleurs des colonies. Entre 1919 et 1931, on assiste à une immigration massive. Si la composante kabyle reste importante parmi les immigrés algériens, d'autres, comme celle des habitants du nord-ouest oranais gagne du terrain. C'est aussi durant cette période que naissent les premiers mouvements anti-impérialistes au sein de la communauté algérienne immigrée.

4°) Seconde guerre mondiale :
Quand, après
1943, de Gaulle s’installe à Alger, l'Empire à nouveau fournit les soldats et les crédits pour poursuivre la lutte. Les Nord-Africains forment le gros de l'armée d'Afrique dont les officiers eux viennent de métropole. Cette armée est engagée en Tunisie, en Italie puis lors de la bataille de France. Cependant de Gaulle refuse aux Algériens d'élire librement une Assemblée Constituante.

5°) Migration de travailleurs :
Après
1945, le flux migratoire reprend, les Algériens occupent des emplois dans les domaines qui permettent la reconstruction de la France et la relance économique, comme les mines et la sidérurgie, mais aussi l'industrie et la construction de nouvelles infrastructures. Dès 1947, les Algériens deviennent des franco-musulmans et commencent à s'organiser politiquement aussi bien en métropole qu'en Algérie.
Cependant, selon Daniel Lefeuvre, Professeur à l'Université de Paris 8 Saint-Denis, qui est l'un des grands spécialistes de l'Algérie française, il apparaît que l'immigration algérienne en France dans les années 50 a pour origine l'explosion démographique et la pauvreté. En effet, dans son ouvrage chère Algérie publié en 2005, il affirme que cette immigration ne répond pas aux besoins de main d’œuvre de l'économie française au cours des années de reconstruction ou des Trente Glorieuses mais bien à la situation terrible dans laquelle vivent les populations musulmanes à cette époque. Les ressources sont insuffisantes pour nourrir une population qui croît très vite. la misère s'étend et les Algériens sont contraints de s'expatrier pour nourrir leurs familles. Les administrateurs de la colonie encouragent cette émigration pour alléger la pression sociale. Mais la métropole est peu disposée à accepter ces nouveaux travailleurs, qui n'ayant aucune formation professionnelle, ne répondent pas à la demande des entreprises.
6°)La guerre d’indépendance(1954-1962) :
Le gouvernement de
Guy Mollet, en 1956, obtient du parlement les pouvoirs spéciaux, rappelle les réservistes et envoie le contingent en Algérie. En 1958, le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne(GPRA) est formé, le Front de libération nationale (FLN) prend le contrôle de l’émigration. Il lance une guerre contre le peuple français ennemi. Le FLN lance la guerre en France afin de rendre impossible toute solution démocratique au conflit algérien. De Gaulle tente un démantèlement du FLN et de ses réseaux terroriste. Finalement il négocie avec le seul GPRA, les accords d’Evian qui mettent un terme à la guerre d’Algérie et entérinent la libre circulation entre l'Algérie et la France des ressortissants des deux pays.
La presque totalité des Européens et des milliers de Franco-musulmans abandonnent l'Algérie et se réfugient en métropole. L'empire colonial se réduit, la France se tourne vers le
Marché commun et l'industrialisation qui requiert toujours plus de bras, l’émigration est alors la seule ressource. L'immigration algérienne explose alors au fur et à mesure que les chantiers s'ouvrent en France.
En 1962, les accords d’Evian, prévoient que les « ressortissants Algériens résidant en France auront les mêmes droits que les nationaux français, à l’exception des droits politiques ». Les autorités françaises pensaient que cette mesure faciliterait le retour au pays des travailleurs Algériens après l’indépendance. Or, à l’inverse, elle a entraîné un mouvement migratoire de travailleurs vers la France.
Le statut des ressortissants Algériens est aujourd’hui régi par un accord international franco-algérien signé le 27 décembre 1968 et plusieurs fois modifié par la suite. Ce régime, au départ très privilégié par rapport à celui auquel sont soumis d’autres nationalités, s’est progressivement rapproché du régime général. Il s’appelle le « certificat de résidence » :
· le certificat de résidence d’un an renouvelable est délivré à des étudiants, des stagiaires ou des travailleurs en contrat à durée déterminée.
· le certificat de résidence de dix ans concerne les autres travailleurs, qui doivent justifier d’une résidence régulière en France d’au moins trois ans, d’un emploi stable et de ressources suffisantes et stables. Ce certificat peut aussi concerner d’autres catégories de personnes, par exemple dans le cadre du regroupement familial.

Aujourd’hui, certains français d’origine algérienne reviennent dans ce pays pour y créer des entreprises ce qui l’aide à se développer.




II) Les raisons de l’immigration algérienne en France :

Le mouvement d’immigration en France était à l’origine un phénomène essentiellement européen. Jusqu’aux années trente, italiens, belges et polonais représentaient la majeure partie des effectifs de main d’œuvre étrangère. Venaient ensuite les Espagnols, les Portugais et les ressortissants de pays d’Europe centrale. Dans cet ensemble, les Algériens étaient minoritaires.
Comparativement à l’immigration d’origine européenne, l’immigration algérienne a été tardive. L’une des raisons en était que, jusqu’à la guerre de 14-18, les Algériens n’avaient pas le droit de circuler librement. Ces restrictions à la liberté de circulation, déjà en vigueur sur le territoire algérien, étaient d’autant plus rigoureuses lorsqu’il s’agissait pour les « indigènes » de venir en France à la recherche de travail. Tout déplacement était soumis à la délivrance par les autorités coloniales d’un « permis de voyage », une sorte d’Ausweiss avant la lettre, et pas toujours facile à obtenir. Cette contrainte particulière a retardé le mouvement migratoire algérien. Mais sitôt que le besoin de main d’œuvre se fait sentir, l’administration lâche les vannes. Ainsi, en 1911, 5 000 algériens avaient bénéficié d’une autorisation spéciale pour venir travailler dans les mines du Nord.
L’obligation au permis de voyage a été supprimée par décret le 15 juillet 1914, un mois avant le déclenchement de la guerre. La perspective du conflit, et son corollaire qui était la mobilisation générale laissaient déjà entrevoir en perspective que la main d’œuvre allait bientôt manquer. Il fallait donc y pallier de toute urgence au risque d’un effondrement économique. D’où l’assouplissement des procédures en vue de faciliter l’installation des Algériens sur le territoire français. Mieux encore, les autorités françaises n’ont pas craint de prendre un décret en 1917 pour réquisitionner 17 500 algériens comme ouvriers. Mais ce texte n’a jamais été appliqué, les recrutements volontaires ayant suffi pour répondre aux besoins en main d’œuvre de l’économie de la France
Les Algériens faisaient l’objet de discrimination, le plus souvent, ils ne pouvaient accéder qu’aux emplois les plus pénibles et les moins valorisés. Isolés de la population française, ils souffraient du racisme. Les employeurs leur imposaient une discipline spécifique. Dans de telles conditions d’existence, très rares étaient ceux qui s’installaient durablement. Une étude réalisée en 1930 établissait que la moitié des Algériens ne restaient en France que pendant 10 mois, d’autres demeuraient un an et demi, tandis que seuls 25 % se fixaient définitivement ou ne retournaient en Algérie que plusieurs années plus tard.
L’attitude de l’administration française face à l’immigration algérienne était ambivalente. D’un côté, il y avait les besoins de main d’œuvre engendrés par les pertes humaines et les destructions matérielles de la Première guerre mondiale. De ce point de vue, les nécessités commandaient de favoriser la venue en France d’ouvriers algériens.
Mais d’un autre côté il y avait des considérations politiques inhérentes au fait colonial. En Algérie, les « indigènes » étaient considérés comme des « sujets » français, à l’inverse des autres catégories de la population (les Européens et les juifs), ils ne bénéficiaient pas du statut de « citoyens ». De ce fait, ils étaient soumis à des règles spécifiques dont l’application en France était problématique.
Face à cette contradiction, l’administration a adopté la politique consistant à faire un pas en avant, un pas en arrière. En 1914 un décret est venu abroger l’obligation pour les Algériens de se munir d’un permis de circulation pour effectuer le moindre déplacement. En 1924, le ministre de l’Intérieur a entrepris de réduire le mouvement migratoire. Avant l’embarquement, les Algériens étaient dans l’obligation de produire un certificat d’engagement, un certificat médical et une carte d’identité. Dans le contexte colonial, chacun de ces documents était aussi difficile à obtenir qu’un visa de nos jours. Par ailleurs, le recrutement des « indigènes » était soumis à une procédure faite exprès pour décourager les employeurs. En outre, les Algériens n’avaient pas le droit de faire en venir en France leurs familles, sauf à des conditions particulièrement draconiennes.
Au mois de juin 1926, cette réglementation a été abrogée par la Conseil d’État qui l’a déclarée contraire à la liberté individuelle des « indigènes ».
Deux mois plus tard, le 4 août 1926 un décret (qui fut modifié le 4 avril 1928) est venu remplacer la circulaire. Le retoilettage était de pure forme. Les conditions pour les immigrés algériens étaient encore plus draconiennes. Outre les obligations précédentes, le postulant à l’immigration est tenu avant de venir en France de déposer en caution une somme d’argent qu’il ne récupérera qu’au retour.
Malgré ces contraintes, l’immigration algérienne s’est maintenue. Elle a perduré et s’est renforcée, avant de se développer massivement et durablement au lendemain de la deuxième guerre mondiale


Pour conclure, les immigrés algériens, appelés aussi sont arrivés en France pour diverses raisons, principalement pour le travail, dans les mines par exemple, pendant la 1ère guerre mondiale. Puis cette immigration s’est effectuée sur plusieurs périodes notamment suite à la 1ère ainsi qu’à la 2ème Guerre Mondiale mais également suite aux conséquences de la Guerre d’indépendance. L’immigration algérienne constitue ainsi une part importante de l’ensemble des nations représentées sur le territoire français.

Travail réalisé par Clément, Florian et Clément

mardi 22 avril 2008

Henri ALLEG - La Question






Henri ALLEG


Il est né à Londres en 1921. C'était un journaliste franco-algérien. Il a été membre du PCF (Parti Communiste Français) et directeur d'Alger Républicain.

En 1940, il s'installe en Algérie et il milite au sein du parti communiste algérien.

En 1951, il devient directeur du quotidien algérien républicain.

Il entre dans la clandestinité en 1955, date d'interdiction de son journal. Cependant, il continue de transmettre des articles en France dont certains seront publiés par l'Humanité.

Il fut arrêter le 12 juin 1957 par les parachutistes de la 10ème DP au domicile de Maurice AUDIN son ami, arrêté la veille et qui sera torturé à mort.Henri ALLEG a été séquestré un mois à El-Biar où il fut torturé et subit un interrogatoire mené après une injection de penthotal (sérum de vérité). Il a ensuité été transféré au camp de Lodi où il est resté un mois. Puis à Barberousse, la prison civile d'Alger.C'est la qu'il écrira La Question, dissimulant les pages écrites en les transmettant à ses avocats.Trois ans après son arrestation, Henri ALLEG a été inculpé d'"atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat" et de "reconstitution de ligne dissoute" et, condamné à 10ans de prison. Il a été transféré en France et incarcéré à la prison de Rennes. Profitant d'un séjour en hôpital, il en profitera pour s'évader.
Aidé par des militants communistes, il rejoindra la Tchécoslovaquie.

Il revint en France après les Accords d'Evian, puis en Algérie où il participa à la renaissance du journal Alger Républicain. Devenu "Persona Non Grata" en Algérie, il se réinstalla en France en 1965.

En 2005, Henri Alleg co-signa une lettre au Président de la République, demandant à l'Etat français de reconnaître l'abandon des harkis en 1962.
Il est actuellement membre de la présidence d'honneur du Pôle de renaissance communiste en France.




SON OUVRAGE, LA QUESTION

Dans La Question, il raconta sa période de détention et les sévices qu'il y subit, en pleine guerre d'algérie. Tout d'abord publié en France aux Éditions de Minuit, l'ouvrage fut immédiatement interdit. Nils Andersson le réédita en Suisse, quatorze jours après l'interdiction frappant en France en mars 1958. Malgré son interdiction en France, ce livre contribua considérablement à révéler le phénomène de la torture en Algérie.Quelques extraits du livre :

[...] Alors, me dit-il, ça ne te suffit pas ? On ne te lâchera pas. · genoux ! " De ses énormes battoirs, il me giflait à toute volée. Je tombai à genoux, mais j'étais incapable de me maintenir droit. J'oscillais tantôt à gauche, tantôt à droite : les coups d'Erulin rétablissaient l'équilibre quand ils ne me jetaient pas contre le sol : " Alors, tu veux parler ? Tu es foutu, tu entends. Tu es un mort en sursis ! [...]

[...] Lorca m'attacha sur la planche : une nouvelle séance de torture électrique débutait. " Ce coup-ci, c'est la grosse gégène ", dit-il. Dans les mains de mon tortionnaire, je vis un appareil plus gros, et dans la souffrance même je sentis une différence de qualité. Au lieu des morsures aiguës et rapides qui semblaient me déchirer le corps, c'était maintenant une douleur plus large qui s'enfonçait profondément dans tous mes muscles et les tordait plus longuement. J'étais crispé dans mes liens, je serrais les mâchoires sur mon bâillon et gardais les yeux fermés. Ils s'arrêtèrent, mais je continuais à trembler nerveusement. [...]

[...] On me poussa dans la cuisine et là on me fit allonger sur le potager et l'évier. Lorca m'entoura les chevilles d'un chiffon mouillé, puis les attacha fortement avec une corde. Tous ensemble, ensuite, ils me soulevèrent pour m'accrocher, la tête en bas, à la barre de fer de la hotte au-dessus de l'évier. Seuls mes doigts touchaient le sol. Ils s'amusèrent pendant un moment à me balancer de l'un à l'autre, comme un sac de sable. Je vis Lorca qui allumait lentement une torche de papier à la hauteur de mes yeux. Il se releva et tout à coup je sentis la flamme sur le sexe et sur les jambes, dont les poils s'enflammèrent en grésillant. Je me redressai d'un coup de reins si violent que je heurtai Lorca. Il recommença une fois, deux fois, puis se mit à me brûler la pointe d'un sein. [...]
Ce livre est très émouvant et représentatif de la torture en Algérie aussi cruelle soit elle, Henri Alleg la décrit simplement mais intensément, en la dénonçant.

(...)

MARGOT margot lisa LISA

vendredi 18 avril 2008

Les Harkis



Tout d’abord, qui sont ils ?


Avant la guerre d’Algérie, il y avait déjà plus d’un terme pour désigner ceux que les Français trouvèrent en 830 : Indigènes, autochtones, Arabes, Berbères,...
Puis on eut recours au qualificatif "Musulman", avec un M majuscule pour le différencier de l’adjectif "musulman" désignant lui les pratiquants de l’Islam. Il y eut ainsi des Français Musulmans, qu’on continua à appeler "Musulman" même lorsqu’il s’agissait de convertis au catholicisme, le tribunal d’Alger ayant tranché le débat par cette formule sans appel :"Le Musulman reste Musulman même s’il n’est plus mahométan !"
Plus tard, la terre algérienne devenant administrativement française, il fallu trouver une dénomination juridique : on eut droit au Français de souche nord africaine (FSNA) par opposition au Français de souche européenne (FSE).

Durant 8 ans les harkis se sont battus au coté des français. Pour certains leur situation était difficile, car ils étaient séparés entre l’Algérie et la France et soumis aux pressions.

Pendant la guerre en Algérie, ils furent plus de 180 000, considérés comme des traîtres dans leur pays d’origine.

Pour les Harkis qui purent se réfugier en métropole après le cessez le feu du 19 mars 1962, s’il eut une chose dont ils n’ont pas manqué, ce sont bien les appellations, d’origine non contrôlée ! Harkis, supplétifs, Français de confession islamique, Rapatriés d’origine nord africaine, Français Musulmans rapatriés (FMR). Ironie de la langue, c’est FMR qui durera...
Mais aujourd’hui, le terme harkis revient en force, revendiqué par les enfants. On parle de seconde génération de Harkis comme si c’était un trait héréditaire, traduisant un vrai malaise. Car on ne naît pas Harki. On le devenait entre 1954 et 1962 !
Harkis regroupe de fait aujourd’hui non seulement les supplétifs mais tous ceux qui ont dû quitter l’Algérie en raison de leur comportement jugé pro français par le FLN.

Pourquoi des supplétifs ?


L’intérêt pour la France de recourir à des forces supplétives "indigènes" était multiple :


1/ d’abord profiter de la parfaite connaissance du terrain par les supplétifs dans leur région. Les combattants, "moudjahiddines" ou « fellaghas», peu nombreux, sans matériel lourd ni bases de repli sécurisées (sauf en Tunisie et au Maroc) agissaient principalement par embuscades rapides et par actes de terrorisme. Leurs atouts étaient la mobilité, la connaissance du terrain, l’aide spontanée ou sous contrainte de la population. Les harkis, notamment ceux faisant partie des commandos de chasse, s’avéraient précieux pour retrouver caches et rebelles disséminés et dissimulés dans la nature. Paysans et chasseurs, leur région n’avait guère de secrets pour eux. De plus, parmi les harkis, 3000 étaient d’anciens de l’ALN faits prisonniers et "retournés" ou ayant fui par refus des exactions qu’ils ont vues pratiquer contre les civils. Ceux là connaissaient bien les habitudes et les façons d’agir des "fellaghas" et ont pu ainsi contribuer efficacement à contrecarrer leur action. Ils étaient d’excellents soldats.


2/ Ensuite couper les "fellagas" de la population. Dans toute guerre subversive, et celle d’Algérie en était une, la population est le véritable enjeu. Par conviction ou par la violence, elle doit prendre position, choisir un camp. Pour le FLN, le soutien de la population lui est indispensable pour légitimer son action mais il lui est également vital pour la survie physique de ses troupes combattantes. Celles-ci en effet ne bénéficient pas de la logistique d’une armée d’Etat. Peu nombreux et n’apparaissant que fugitivement et exceptionnellement le jour, les combattants d’ALN ont besoin, la nuit en général, de l’aide des villageois pour organiser des sabotages (destruction des ponts, de poteaux électriques, de vergers, etc...) et aussi pour être nourris et soignés. Pour priver le FLN de ce soutien, l’armée française eut recours à deux stratégies : - d’une part "vider" certaines zones de ses habitants, en déplaçant des populations vers des centres de regroupement, et en détruisant les villages. Le principe était simple et résumé ainsi par des militaires :"les maquisards sont parmi la population comme des poissons dans l’eau ; vidons l’eau..." La mise en place du principe était moins simple car il n’était pas possible de vider toutes les campagnes et ces déracinements forcés étaient souvent mal vécus par les villageois. De plus lorsque le FLN infiltrait ces regroupements, son travail de propagande était facilité. - D’autre part, interdire à ceux « montés au maquis » l’accès aux villages par l’organisation de villages en autodéfense (GAD).


3/ Contester la représentativité du FLN. L’engagement de Musulmans contre les directives du FLN, par la multiplication des formations supplétives et par les prises de position de l’élite francisée, devait montrer qu’une partie de la population était avec la France, réfutant ainsi la prétention du FLN à être l’unique représentant de tous les "Musulmans" d’Algérie.


4/ Limiter le nombre d’appelés en Algérie. On sait qu’une partie de l’opinion française n’était pas favorable à l’envoi du contingent en Algérie. Des actions d’appelés notamment dans les gares et les ports, initiées ou soutenues par le parti communiste, la CGT ou l’extrême gauche, avaient attiré l’attention des médias. Or ce type de guerre anti-terroriste nécessite davantage des hommes que des avions ou des chars, en raison de l’obligation de quadriller le territoire pour rechercher des renseignements et traquer les rebelles dissimulés dans la nature ou au milieu des civils. Protéger villages, bâtiments et lieux publics contre des actes de terrorisme nécessitait également beaucoup de monde. Dans ces conditions, le recours aux supplétifs, en plus des avantages cités précédemment, contribuait à limiter le nombre d’appelés en Algérie.

Pourquoi combattre pour la France ?


Longtemps, l’engagement des Harkis a été vu uniquement avec des lunettes idéologiques : Patriotes français pour les uns, complices du colonialisme pour d’autres, la passion l’emportait sur la raison. On réécrivait l’histoire, l’embellissant parfois, la noircissant souvent mais la caricaturant toujours. Il est vrai que le silence des intéressés eux même rendait l’explication plus difficile.
Il en ressort que l’engagement de l’élite arabo-berbère francisée diffère de ceux des supplétifs. Mais à l’intérieur même de la catégorie des supplétif (harkis, moghaznis) les engagements sont divers, complexes, marqués par la sociologie de l’Algérie et la présence française séculaire. Les raisons qui font que ces hommes choisirent la France plutôt que leur propre pays, sont des massacres de leurs familles par des Algériens, dans l’espoir de vivre en paix en France, pour protéger leur village ou encore par patriotisme, l’Algérie étant française.

Après la guerre :


Dans leur engagement pour la France, les Harkis se sont sentis trahis lorsque DE GAULLE accorda l’indépendance à l’Algérie dans son fameux discours où il dit : « l’Algérie algérienne. » le 18 Mars 1962 par les accords d’Evian. De plus, malgré leur aide précieuse, quand les français quittèrent le pays, ils furent abandonnés sur place, désarmés et perdu au milieu d’Algériens qui leur vouaient une haine sans limite. Ceci donna lieu à de nombreuses arrestations (alors qu’ils étaient censés être protégé par les accords d’Evian) et surtout de nombreux massacres (60 000 exécutés). S’ils voulaient être rapatriés en France, ils avaient la possibilité de remplir des dossiers de demande de rapatriement mais la plupart étaient illettrés. Voyant que la situation se dégradait pour leurs anciens hommes, certains officiers, qui furent pour cela sanctionnés par le ministre de la justice, les rapatrièrent.
Ainsi pour ces soldats délaissés régnaient l’incertitude, le désarroi et surtout la peur des règlements de compte.

Finalement, en 1962, 40 000 harkis et leur famille arriveront officiellement en France ainsi que 45 000 autres clandestinement en ayant tout abandonné en Algérie.
Plus tard, 1 000 000 Harkis arriverons à Marseille, ils sont trop nombreux pour être logés, ils sont renfermés à cause d’une histoire douloureuse et enfin parle mal le français donc sont mal intégrés sauf dans quelques communes du Sud de la France qui les prennent en charge.
Ainsi, le gouvernement en place créé des camps de transit où ils seront logés, interdit de sortie dans lesquels sont mis en place un régime militaire. Ils furent alors oublié pendant 13 ans…
En 1976, la vérité éclate sur ses camps qui, dès lors, seront fermés. Dans ses années, le chômage et la crise font rage et les harkis et leurs familles ont donc d’un mal à trouver un emploi.

Malgré le comportement de la France, ils continuent à aimer ce pays d’accueil car ils furent rejetés là d’où ils viennent. Ils se considèrent comme français jusqu’à oublier leurs racines et leur langue.
Aujourd’hui, en Algérie, il existe toujours des réticences vis-à-vis des harkis comme le prouve les dires du président BOUTEFLIKA lors de son passage en France en 2000 : «[…] C’est exactement comme si on demandait à un français de la résistance de toucher la main à un collabo […] »

Travail réalisé par Aurélie, Emilie, Loïc et Delphin


Sources: Documentaire vidéo de Jean-Charles DENIAU datant de 2003


Benjamin STORA, La Guerre d'Algérie édition La Découverte
http://www.harkis.com/


divers autres sites internet...

vendredi 11 avril 2008

Rencontre avec l'historienne Claire Mauss-Copeaux

Nous avons reçu aujourd'hui l'historienne Claire Mauss-Copeaux. Avant l'ouverture (partielle et... temporaire) des archives militaires en 1992, elle a recueilli, à partir de la fin des années 1980, des témoignages d'appelés du contingent originaires des Vosges. Elle nous a donc présenté quelques photos prises par des appelés pour nous montrer comment elles portent en elle l'ombre de la guerre. L'occasion d'une réflexion sur l'image et les sources utilisées en histoire.




Pour prolonger cette journée, voici les liens et les livres évoqués par Claire Mauss-Copeaux :
  • Ces deux ouvrages sur les appelés. Le premier à partir des témoignages et le deuxième dans lequel elle étudie la plupart des photographies vues aujourd'hui.
  • Les articles évoqués sur l'insurrection du Constantinois du 20 août 1955 et sur la violence au cœur des mémoires sur le site de la Ligue des Droits de l'Homme de Toulon.
  • Les trois ouvrages fondamentaux évoqués par Claire Mauss-Copeaux pour comprendre la Guerre d'Algérie : -Daniel Zimmermann, Nouvelles de la zone interdite, Babel, 1996
    -René Ehni, Algérie roman, Denoël, 2002
    -Antoine Prost, Carnets d'Algérie, Tallandier, 2005 et par dessus tout : Arlette Farge, Des lieux pour l'histoire, Seuil, 1997.

mercredi 9 avril 2008

La bataille d’Alger


La guerre d'Algérie s’est déroulé de 1954 à 1962 et débouche sur l'indépendance de l'Algérie, ancienne colonie française. Cette guerre prend la forme d’une guérilla. opposant l'armée française (parachutistes, légionnaires, gardes mobiles, CRS, harkis) aux troupes indépendantistes de l'Armée de libération nationale (ALN), branche armée du Front de libération nationale (FLN). Elle prend aussi l’apparence d’une guerre civile avec les multiples attentats, assassinats.. Le 7 janvier 1957, 8000 hommes de la dixième division parachutiste entrent dans Alger avec pour mission de pacifier la ville. Ils sont commandés par le Général Massu, à qui les pleins pouvoirs sont donnés par Robert Lacoste. A l'arrivée des parachutistes, le FLN répondra par une vague d'attentats.


Dès le 7 janvier 1957, les parachutistes traquent les terroristes dans toute l'agglomération et ont recours à la torture pour faire parler les personnes suspectés d'avoir caché des bombes. Les troupes patrouillent en ville, fouillent à l'entré des lieux publics, la Casbah d'Alger est entourée de barbelés, tous ceux qui y entrent ou y sortent sont fouillés.
Les dirigeants du FLN constatent que la guérilla dans les campagnes n’intéresse pas beaucoup les médias et l’opinion publique, et décident de l’intensifier en particulier à Alger, la question algérienne est pourtant débattue à l’ONU.
La réplique avec l’entrée de l’armée dans la ville, engendre des attentats aveugles contre les Européens, causant des dizaines de victimes. Début février, les explosions au stade municipal d’Alger et au stade d’El-Biar font 10 morts et 34 blessés. En juin, l’attentat au casino de la Corniche tue 8 personnes et en blesse une centaine. Après cet attentat, le colonel Yves Godard remplace le colonel Marcel Bigeard. Il privilégie désormais l'infiltration des réseaux plutôt que la torture. C'est ainsi que le 24 septembre 1957, ses parachutistes mettent la main sur Yacef Saadi, principal organisateur des attentats à Alger. Ses aveux permettent de démanteler les réseaux.
Le 26 janvier, des bombes avaient explosé dans trois cafés de la ville, faisant 5 morts et 34 blessés. Le FLN lance alors un mot d’ordre de grève générale pour le 28 janvier. Les militaires cassent la grève en forçant les boutiques à rouvrir. L’opération du FLN est un échec. Les hommes de Massu procèdent à des arrestations massives pour débusquer les militants du FLN, qui sont environ 5 000. Massu quadrille la ville avec ses troupes. Les quartiers "arabes" sont bouclés. Les paras en utilisant les fichiers de la police interpellent des suspects par centaines avant de les regrouper dans des centres de triage.





Un soldat français utilise un détecteur de mines sur les passants à Alger le 16 janvier 1957.



La presse publie des témoignages qui dénoncent la banalisation des procédés: tortures (torture à l'électricité, pendaison par les membres, baignoire,...), exécutions sommaires de suspects, jugements expéditifs par les tribunaux militaires, centres de détention clandestins etc. Une commission d'enquête rend un rapport accablant le 21 juillet 1957. Le quotidien Le Monde le publie, ce qui lui vaut d'être saisi.
Les responsables politiques et la majorité des citoyens, sont donc très bien informés de ce qui se passe en Algérie. Mais ils préfèrent se taire devant les excès des militaires. Il est vrai que de nombreuses bombes sont découvertes à temps grâce aux informations recueillies sous la torture. L’avis sur la question divise les français






La bataille d'Alger est gagnée sur le terrain par l'armée française, en pratiquant des méthodes interdites par les lois de la guerre, et dépasse le projet de « pacification » menée par la France. Neuf mois après avoir obtenu les pleins pouvoirs, le général Massu remporte la «bataille d'Alger», mais au prix de 30 000 victimes françaises, 250 000 algériennes dont 3 024 disparitions de suspects et une majorité de civiles.

Travail réalisé par Thomas et Vincent


Sources :


-Encyclopédie Axis


-Livre de Benjamin STORA, Hisoitre de la guerre d'Algérie


samedi 5 avril 2008

Rencontre avec Wassila Tamzali










Wassyla Tamzali, auteure du roman « Une éducation Algérienne » paru aux éditions Gallimard en Septembre 2007, est l’invitée de Mme Carrier professeur d’Histoire, et des élèves des classes de 1S2 et 1S4. L’auteure, issue d'une célèbre famille de notables algériens, qui tiendra une place importante dans la guerre de libération, est née dans une grande ferme coloniale à Bougie. Sa jeunesse ne lui a laissé que des souvenirs de bonheur mais, un drame va tout changer : en 1957, son père est assassiné par une jeune recrue du FLN. Malgré cette perte, qui entrainera le départ de la famille à Alger et la nationalisation des propriétés familiales par le socialisme des années 70, la jeune femme s'enthousiasme pour la construction de « l'Algérie de l’an 1 », dont elle épouse toutes les utopies, avant de sombrer de désillusion en désillusion au fil des pages.
Wassyla Tamzali, a été avocate à Alger pendant dix ans. À partir de 1980, et pendant vingt ans, elle a dirigé le programme sur la condition des femmes de l'Unesco, en France. Retournée vivre à Alger, elle continue de mener de nombreux combats pour l'égalité des femmes, la laïcité, la démocratie ou encore le dialogue méditerranéen.

Qu : Pouvons nous vous qualifier de « féministe » ?

Mme Tamzali répond que « certainement » mais précise que cet adjectif a pris tout son sens pour elle seulement après les révolutions de 1968 en France qui ont affecté le milieu universitaire algérien dont elle faisait partie.
C’est ainsi qu’elle précise la nécessité, à la veille de l’Indépendance, de mettre en place une révolution globale, c'est-à-dire une révolution qui toucherait toutes les couches de la société, et non une « lutte sectaire » qui diviserait la nation algérienne au moment où l’intégralité de celle-ci était indispensable. Cette révolution globale, qui avait pour but d’aboutir à une amélioration de l’égalité entre les hommes et les femmes, constitue la première désillusion de l’auteur et des femmes révolutionnaires, qui, après avoir participé matériellement et énergiquement à la révolution du peuple algérien, ont vu leur mémoire dédaignée dans la Constitution du nouvel Etat. Mme Tamzali insiste de même sur la « nécessité des libertés » sans lesquelles « la joie de vivre n’existe plus dans une nation ». C’est ainsi qu’elle relève le problème des femmes, mais aussi celui du paradoxe de la « supériorité » des « hommes qui en sont aussi victimes même s’ils en bénéficient ».
L’auteur note de même la crise algérienne due au système patriarcal dont les citoyennes sont victimes mais aussi de l’universalité de ce problème à l’échelle mondiale. En France, ou en Europe la discrimination des femmes existe mais « des lois satisfaisantes protègent les femmes », contrairement aux pays arabo-musulmans. Elle constate de plus, ce qu’elle désigne comme la « structure en pyramide des hiérarchies sociales », où l’on trouve de moins en moins de femmes, plus on s’élève dans cette hiérarchie. Ce système de pyramide est répercuté non seulement dans l’économie mais aussi dans les arts en général. On nous renvoi une fois de plus au livre qui, en expliquant l’absence de droits pour les femmes, commente d’une façon générale l’absence de droit des citoyens.
L’auteur replonge dans le passé et nous décrit sa génération : la « génération de l’indépendance », une génération portée par une utopie qui les projetait vers le futur d’une société fraternelle, égalitaire et libre. Elle insiste surtout sur la « différence entre la libération et la liberté » dont on ne peut trouver le sens en feuilletant les feuilles d’un dictionnaire, mais plutôt grâce aux désillusions. « La libération du peuple algérien en 1962 n’a pas abouti à sa liberté », dira Mme Tamzali.
Qu : Est-ce que vous pourriez nous expliquer la place que prend votre famille dans votre ouvrage ?

« J’ai pris le parti de dire « JE » » répondra Mme Wassila. Elle insistera en effet sur la difficulté de dire « je » dans une famille algérienne où « l’honneur oblige le collectif avant l’individualité ». Un problème qui, comme la discrimination des femmes, est universel. En effet, selon ses dires la famille « est le premier lieu de contrainte ». Une contrainte morale mais aussi une contrainte physique, où l’épanouissement sexuel trouve sa première barrière surtout dans les nations toujours ancrées dans les anciennes traditions culturelles. « S’il n’y a pas de « je » il n’y a pas de liberté », remarque l’auteur, qui insiste sur la difficulté mais la nécessité de suivre son propre chemin.
Qu : Vous êtes issus d’une riche famille de notables, mais vous n’étiez pas naturalisé et vous militiez dans les mouvements indépendantistes algériens, pourquoi ce choix ?

Tamzali assure que l’Idée d’Indépendance de l’Algérie était, à l’époque, une idée moderne. En effet, tant que la France occupait l’Algérie, La nation algérienne n’existait pas. C’est ainsi que le nouvel état nait dans l’idée anticolonialiste.
La bourgeoisie, qui commence à occuper les villes, constitue les premiers instruits. Les fils d’instituteurs, les fils de cheminots ou encore les fils de postiers sont les premières catégories à bénéficier de l’éducation française et commencent donc, grâce à cet apport intellectuel, à imaginer le nationalisme. « Si la France avait appliqué le seamatus consul de Napoléon III, L’indépendance aurait été donné à la 1ere Guerre Mondiale et non à la Seconde Guerre Mondiale ». Ces classes étaient nationalistes mais défendaient les acquis que la France leur avait procurés. « L’ensemble de la population algérienne rêvait de revenir à l’identité nationale pour ne pas disparaitre dans la France » et « seul l’accès au savoir permettait de ne pas disparaitre », nous dira Mme Tamzali.


Qu : Votre père a été assassiné par une jeune recrue du FLN (Front Libérateur National Algérien) lorsque vous aviez environ 15ans. Est-ce que vous pourriez nous en dire un peu plus ?
« Cet assassinat n’a pas été commandité par le FLN mais était le fruit d’une vengeance personnelle ». Wassyla raconte sa rencontre avec le meilleur ami de son défunt père qui, en larmes, lui raconte sa détention par la DST, les services secrets français. « Le FLN a tué ton ami Hafid » lui disaient les officiers. Ne les croyant pas, ils dirent simplement « Tu vas passer la nuit avec son assassin ». Se retrouvant dans la même cellule qu’un enfant d’à peine seize ans, l’ami du père lui demande « As-tu tué un homme ? » « Oui » « Quel était son nom ? » « Je ne sais pas » répondit l’enfant apeuré. L’adolescent lui explique qu’il voulait monter au maquis pour combattre et qu’on lui avait ordonné de tuer un homme pour pouvoir y aller. « Par fidélité à un homme de 49ans qui a été tué par un enfant de son pays sans savoir pourquoi », nous a répondu l’auteur, quant au sens qu’elle a voulu donner à sa vie. Elle s’est ainsi demandé pourquoi la violence était-elle assimilée à cette époque et de nos jours et a trouvé la réponse dans l’éducation qui inculque que « La violence est nécessaire et justifiable ». Ne voulant pas adhérer à cette thèse, Tamzali, comme Camus avant elle, estime que « La violence est nécessaire mais n’est jamais justifiable ».


Quant à la question de notre avenir, nous, lycéens d’aujourd’hui et citoyens de demain, « la révolutionnaire » nous propose d’« éclater notre bulle », qui nous protège d’une réalité, apparemment lointaine, que nous ne voulons pas voir. Et, nous dit qu’il y aura toujours des « petits cailloux » montrant le chemin comme au Petit Poucet, pour ne pas nous perdre dans les rouages du terrorisme encore fécond. Pour la question de l’espoir et de la foi en une Algérie libre, égalitaire et fraternelle et non une Algérie aux 30 millions de martyres, elle nous dira simplement « tout les fleuves se jettent à la mer ».

Propos recueillis par Chanez...





jeudi 3 avril 2008

Les mouvements nationalistes algériens


Organisation du FLN

Le FLN accueil tout algérien qui se reconnaît dans ce mouvement, décrit par d’anciens résistants plus comme un désir d’indépendance patriotique que comme un véritable mouvement nationaliste. Le résistant qui veut s’y engager doit payer la cotisation patriotique (itchirâk). Au début, très peu d’hommes s’engagent dans l’association, mais début 1958, le FLN compte tout de même environ 40 000 hommes. Le FLN a eu la capacité d’unir en son sein la grande majorité des partis politiques algériens (des centristes du MTLD aux oulémas de l’UMDA en passant par les communistes du PCA) ; ces divers ralliements s’effectuèrent entre 1955 et 1957 sous la direction de Ramdane ABBANE.
C’est ce même personnage qui est à l’affiche du congrès de la SOUMMAM (en août 1956) d’où se dessinèrent des institutions : le CCE (Comité de Coordination et d’Exécution) qui représentait alors l’exécutif renommé en 1958 GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne), ainsi que le CNRA (Conseil National de la Révolution Algérienne) qui constituait le pouvoir législatif.

Pour certains, le FLN constituait aussi [et surtout] une idéologie, qui devait formé un grand corps unanimiste et au dessus des partis politiques qui le composait.

Durant le congrès de la SOUMMAM, fut établit un règlement de l’ALN, avec des hiérarchies, des grades, des décorations ainsi que des serments de combattants, parfois repris sur le système militaire français de l’époque.

Le FLN est devenu le symbole du nationalisme algérien durant la guerre d’Algérie surtout par son discours populaire et sa prise d’avantage (au niveau de son influence et de son pouvoir) sur les rivaux messalistes du MNA.

Cependant, pour des résistants du FLN, il y avait à la fois plusieurs FLN au sein du FLN (en fonction des différents idéaux qu’il pouvait contenir) mais aussi plusieurs FLN à travers les différents types d’action que le Front pouvait effectuer (le FLN maquisard de l’ALN, le FLN politique de la SOUMMAM, le FLN policé du colonel LOTFI, le FLN « stalinien » et brutal de BOUSSOUF et BOUMEDIENNE).

Source : tirée d’une interview avec Gilbert MEYNIER du 10 avril 2005




Insurrection et Nationalisme Algérien durant
la Guerre d’Algerie

La lutte pour l'égalité des droits est engagée depuis longtemps par des intellectuels, et en particulier par le mouvement des oulémas.
Le recours au combat est initié par le « Front de libération nationale » (FLN), une organisation nationaliste algérienne basée en Algérie et à l'extérieur.
Le FLN commence ses actions en 1954, seulement deux ans avant que la Tunisie et le Maroc obtiennent leur totale indépendance par la négociation
(la Tunisie et le Maroc n'étaient pas des colonies mais des protectorats).
Quelques hommes politiques français d'extrême gauche appelés les « porteurs de valise », soutinrent ce mouvement (envoi d'armes et d'argent).

Dès 1954, le combat armé pour l'indépendance de l'Algérie par le FLN se traduit par des actions contre les populations civiles d'origine européenne ainsi que par une guérilla, des maquis et des affrontements avec l'armée française, qui comprend également des unités de supplétifs musulmans appelés « Harkis » (cf. Harkis pendant la guerre d'Algérie).

Minoritaire au début, le FLN utilise la terreur (menaces de mort pour les « traîtres ») pour contrôler les populations civiles musulmanes, qui sont ainsi très tôt prises pour cibles dans des attentats ou des massacres comme à El Halia, en août 1955, et pour susciter chez les européens des répressions qui écarteront définitivement les deux communautés.
L'historien Omar Carlier note que « de 1955 à 1958, plusieurs milliers d'hommes sont tombés, et davantage encore ont été blessés, en France et en Algérie, dans l'affrontement entre le Mouvement national algérien (MNA) et le FLN, cependant que d'autres sont morts dans les combats qui ont opposé le Parti communiste algérien (PCA) et le FLN. ».

Les représailles de l'armée sont extrêmement dures : on a pu noter ainsi le recours quasi-systématique à la torture pour des opérations de renseignement anti-terroristes (prévention des attentats), notamment au moment de la bataille d'Alger (1957).


L’appel au peuple algérien
Le 1er novembre 1954, le Secrétariat général du Front de libération nationale diffuse un appel radiophonique destiné « au peuple algérien » et écrit afin d'« éclairer sur les raisons profondes qui [les] ont poussés à agir en […] exposant [le] programme [du FLN], le sens de [son] action, le bien-fondé de [ses] vues dont le but demeure l’indépendance nationale dans le cadre nord-africain. ».
Il décrit son action comme « dirigée uniquement contre le colonialisme, seul ennemi aveugle, qui s’est toujours refusé à accorder la moindre liberté par des moyens de lutte pacifique. ».
Le FLN exige donc que les « autorités françaises […] reconnaissent une fois pour toutes aux peuples qu’elles subjuguent le droit de disposer d’eux-mêmes » sans quoi il annonce « la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu’à la réalisation de [son] but […] la restauration de l’État algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques. »

Les différents nationalistes algériens :

Le FLN (Front de Libération National) a été crée le 10 novembre 1954 et était destiné à la conquête de l'indépendance du peuple algérien souverain à part entière. Les principaux leaders de se groupe étaient Larbi Ben M'HIDI ou encore Ahmed BEN BELLA.
Cet organisme de résistance est issus du courant nationaliste "Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques" (MTLD).
Il existe cependant trois courants différents du nationalisme et surtout de la résistance algérienne :
_Les Oulémas (qui se reposent sur le Coran et l'ISLAM).
_Les Modernistes qui sont des intellectuels et des personnes de professions libérales qui revendiquent des voies légales pour manifester leur volonté d'indépendance.
_Les révolutionnaires (comme Ben Bella, ...) qui revendiquent les actions de violences et les attentas pour manifester leur envie d'indépendance.
_Il y avait également, tout au début de la résistance algérienne, le groupe des « évolués » ou « Jeunes Algériens », qui croyaient à l’assimilation des Algériens dans la société Française avec même une suppression pure et simple du statut de musulman par l’autorité Française.

Le mouvement du FLN (dont la branche armée se nomme Armée de Libération Nationale), était notamment de courant révolutionnaire.
Le Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l'Action (CRUA) est un autre groupe pour l'Algérie indépendante.


Source : wikipedia.com


Travail réalisé par Geoffrey et Rémi

mardi 1 avril 2008

8 mai 1945: fin d'une guerre,
début d'une autre?

Capitulation de l'Allemagne et fin de la seconde guerre mondiale, c'est sûrement la première chose qui vient à l'esprit de la plupart des gens, essentiellement les Européens bien-sûr. Car pour ce qui est des Algériens, eux retiennent avant tout les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata dans le Constantinois. Alors qu'une guerre vient de se terminer, une autre s'annonce probablement ce 8 mai 1945: celle de l'indépendance de l'Algérie.




Vue de Sétif à l'époque coloniale
I/Une répression impitoyable

A/Contexte et origines du drame

Le prestige de la France en tant que puissance coloniale a été affaibli avec la défaite de 1940, puis lors du débarquement allié de novembre 1942, où les États-Unis ont diffusé en masse la Charte de l'Atlantique, document qui condamne le colonialisme. Cette hostilité des Américains vis-à-vis de la présence coloniale française a renforcé les revendications nationalistes qui sont alors représentées par Messali Hadj, le chef du principal mouvement nationaliste algérien ( le Parti du Peuple algérien, PPA) et Ferhat Abbas, dirigeant des Amis du Manifeste et de la Liberté (AML). Ce dernier défend une Algérie indépendante plus ou moins associée à la France.




Le 7 mars 1944, le gouvernement provisoire d'Alger publie une ordonnance qui octroie la citoyenneté française à 60 000 musulmans mais les indépendantistes du PPA et de l'AML jugent ce geste très insuffisant et tardif. Ils espèrent alors beaucoup de la première réunion de l'Organisation des Nations Unies à San Francisco, le 29 avril 1945.


Mais Messali Hadj est arrêté en avril 1945 et déporté le 23 à Brazzaville (capitale de la République du Congo), peu de temps après avoir été désigné comme le leader du peuple algérien lors du congrès des AML. Cette provocation des autorités françaises sème la consternation chez les musulmans qui multiplient les manifestations nationalistes en faveur de sa libération.
Le 1er Mai à Alger, une manifestation du PPA clandestin est organisé. Pour la première fois le drapeau des indépendantistes, l'étendard vert et blanc frappé de l'étoile et du croissant, est arboré en public. Plusieurs morts sont à déplorer.
Le 8 mai, jour de l'armistice, le même scénario se reproduit. Mais cette fois la répression est plus brutale.

B/ Le 8 mai

Le 8 mai 1945, à Sétif, les nationalistes algériens du PPA (Parti du Peuple algérien, interdit) de Messali Hadj (en résidence surveillée) et des AML (Amis du Manifeste et de la Liberté) de Ferhat Abbas organisent un défilé pour célébrer la chute de l’Allemagne nazie et réclamer le droit à la liberté.
Il ne faut pas oublier qu'à cette victoire sur le IIIe Reich et sur le fascisme ont contribué, à côté des alliés –Soviétiques, Américains et Anglais pour la plupart – de nombreux « indigènes » venus d’Afrique noire et du Maghreb, enrôlés dans les armées régulières françaises. Colonisés, ces combattants espéraient que leurs peuples bénéficieraient eux aussi de cette liberté chèrement acquise pour sortir du statut colonial et devenir des citoyens de leur propre patrie.
Le jour de la capitulation du III Reich, des cérémonies sont donc prévues en Algérie comme partout en France. Les militants reçoivent pour consignes de ne pas porter d'armes, ni d'arborer le drapeau algérien. Les drapeaux alliés sont en tête. Lors du défilé, des pancartes portant des slogans tels que « Libérez Messali », « Vive l’Algérie libre et indépendante », « A bas le fascisme et le colonialisme » sont déployées.
Mais dans le Constantinois, c’est le drame.
A Sétif, le cortège se rendant au monument aux morts connaît une effroyable mêlée.
Tout dérape quand un jeune scout prénommé Saal Bouzid refuse de baisser le drapeau algérien qu’il porte ; il est abattu par un policier. Cela déclenche l’émeute. La colère des manifestants se retourne contre les Français et fait en quelques heures 28 morts chez les Européens, dont le maire qui a cherché à s'interposer.
Le mouvement s'étend très rapidement. Le même jour, à Guelma (sous-préfecture agricole du même Constantinois qui compte 3346 européens pour 14 409 musulmans), la manifestation pacifique organisée par les militants nationalistes, drapeaux algériens et alliés en tête, est arrêtée par le sous-préfet André Achiary (un ancien policier qui finira dans les mouvements contre-terroristes) qui bloque le cortège se rendant au monument aux morts et exige que soient jetés les drapeaux algériens brandis en même temps que les drapeaux tricolores.
Tout à coup, il sort son revolver et tire en l’air. Immédiatement les gendarmes et les policiers l’imitent. Un musulman est tué. Ce qui engendre une panique. Mais contrairement à Sétif, il n’y a pas d’émeute et aucun européen n’est tué. Achiary décrète le couvre-feu et fait armer la milice des colons. Celle –ci dresse la liste des musulmans «à juger», autrement dit à éliminer. Ses victimes se compteront par dizaines. Le but est de supprimer tout Arabe susceptible de jouer un rôle politique ou économique.
Toutes ces exécutions ont lieu sur ordre du sous-préfet (la répression est supervisée par le général Duval, commandant de la division de Constantine) sans autre forme de jugement; les corps sont dissous dans la chaux vive. Des algériens sont jetés vivants d’une hauteur de 300 à 400 mètres dans les gorges de Kerrata. De plus, un officier musulman (un des rares de l’armée française qui n'en compte qu'une centaine) se suicide «ne pouvant plus supporter ce spectacle».

C/Bilan humain du massacre

Le bilan officiel des opérations de répression, selon le gouvernement français est fixé arbitrairement à 1500, ce qui suscite l'incrédulité.
Ce qui est incontestable, c'est que ces massacres ont fait plusieurs milliers de victimes, sans doute pas autant que les 45 000 déplorées dans les discours officiels algériens, mais probablement entre 15 et 20 000. Le caractère imprécis de ces données illustre d'ailleurs ce que ces massacres ont eu de violent et d'odieux. Les efforts pour faire disparaître leurs traces rendent aujourd'hui impossible un bilan humain un tant soit peu précis. Dans cet événement sanglant, les historiens voient aujourd'hui le prologue de ce qui allait être la guerre d'Algérie.

II/ La Reconnaissance du massacre


La relation entre les deux pays a été déséquilibrée depuis 1830 par la conquête et la colonisation française, puis de nouveau très gravement perturbée par les révoltes et les répressions, d'abord en mai 1945, puis de 1954 à 1962. Cependant, l'indépendance de l'Algérie acceptée par la France en 1962 semblait permettre un apaisement, qui avait été concrétisé jusqu'en 1990.
Or le progrès de l'histoire a été de plus en plus perturbé, en Algérie et en France, par la résurgence de la mémoire du passé et par son utilisation dans des luttes politiques internes, à partir de la transformation soudaine de la vie politique algérienne.


A/De 1990 à nos jours: un retour de mémoire


La mémoire du 8 mai 1945, concernant les massacres de Sétif et Guelma, a été longtemps occultée en France alors qu'elle était exaltée par les nationalistes algériens.
C'est en 1990 que fut créée la fondation du 8 mai 1945 par l'ancien ministre Bachir Boumaza, natif de Kerrata au nord de Sétif.

La fondation s'est donnée pour objectifs de "réagir contre l'oubli et réanimer la mémoire, démontrer que les massacres de Sétif sont un crime contre l'humanité et non un crime de guerre comme disent les français", pour " obtenir un dédommagement moral". Ainsi, l'histoire a été mobilisée au service de la mémoire et de la politique au lieu d'être reconnue comme un but propre.

Le président Bouteflika a choisi la première voie, en suggérant un acte de repentance à la France dans son discours du 15 juin 2000 à l'Assemblée nationale française: " [...] Que vous ressortiez des oubliettes, du non-dit, la Guerre d'Algérie, en la désignant par son nom, ou que vos institutions éducatives s'efforcent de rectifier, dans les manuels scolaires, l'image parfois déformée de certains épisodes de la colonisation, représente un pas important dans l'oeuvre de vérité que vous avez entrepris, pour le plus grand bien de la connaissance historique et de la cause de l'équité entre les hommes".
L’ancien président Jacques Chirac a longtemps fait semblant de ne pas avoir compris cette demande, mais la négociation d'un traité d'amitié entre la France et l’Algérie semble en avoir fait une condition impérative du côté algérien.
Le 27 février 2005, le discours prononcé à Sétif par l'ambassadeur de France a paru apporter une première concession française à la demande algérienne, moins d'une semaine après le vote d'une loi mémorielle favorable à la mémoire des Français et des Français musulmans d'Algérie. D'ailleurs un processus de rapprochement franco-algérien tendant à la signature d'un traité d'amitié s'est mis en route, mais n'a pas encore abouti. Contrairement à ce qui était annoncé, l'année 2005 fût celle de la désillusion, et 2006 ne semblait pas mieux partie.

B/ Un traité d'amitié franco-algérien ?

L'histoire diplomatique des relations franco-algérienne et du futur traité n'est pas facile à faire, à cause de son caractère confidentiel. On sait néanmoins que le rapprochement franco-algérien s'est d'abord traduit par la décision de faire de l'année 2003 l'année de l'Algérie en France pour rapprocher les deux peuples avant de rapprocher les deux Etats.
Un peu plus d'un an après la visite de l'ancien président Jacques Chirac en 2003, celui-ci retourna rendre visite à son homologue algérien, le président Bouteflika, pour le féliciter de sa victoire, le 15 avril 2004.


C'est alors que les événements se sont accélérés. En effet, Monsieur Chirac avait annoncé la signature d'un traité d'amitié franco-algérien inspiré du traité franco-allemand pour l'année suivante. D’autre part il a voulu mettre fin à la "guerre" franco-française d'Algérie par la loi donnant satisfaction aux principales revendications morales et matérielles de l' ensemble des rapatriés.

Du côté algérien, le président Bouteflika a répondu à son homologue français en des termes soigneusement choisis: " Ce sacrifice n'a pas été vain puisqu'il a conduit en définitive à la fin de l'ère du colonialisme et permis à tous ces pays, qui avaient fourni des contingents pour participer à ces combats et aux libérations qui les ont couronnées, d'accéder à leur tour à l'indépendance et de connaître enfin la liberté".
Dans le cadre des " perspectives nées du voyage historique effectué par le président de la République en Algérie", le gouvernement Raffarin avait déposé le 10 mars 2004 un projet de loi " portant reconnaissance de la Nation et une contribution nationale en faveur des français rapatriés". Ce projet ne consacrait qu'un seul article à leurs revendications mémorielles et les cinq articles suivants à des indemnisations complémentaires.

Mais ceci ne dura pas longtemps. En effet, à la suite de nombreuse critiques au sein du gouvernement français et algérien, une nouvelle version, le 16 décembre 2004,a été adoptée par le Sénat. Enfin, le 10 février 2005, l'Assemblée nationale adopta sans modification le texte modifié par le Sénat, qui devint la loi du 23 février 2005.

C/ La contradiction entre les deux politiques mémorielles de la France

La loi du 23 février 2005 suscita aussitôt une contestation du juriste Thierry Le

Bars et de l'historien Claude Liauzu. Eux et d'autres historiens dénoncèrent l'article 4, qui correspondait aux programmes de recherche universitaire [...], aux programmes scolaires [...]. Puis en tirait la conséquence que celui-ci remettait en cause la neutralité scolaire et le respect de la liberté de pensée qui est au coeur de la laïcité. Depuis cet article a été abrogé.
Mais les algériens réagirent. En effet, le 8 mai, le président Bouteflika haussa brutalement le ton dans son discours de commémoration à Sétif: " Les massacres du 8 mai 1945 étaient-ils la récompense des Algériens pour avoir défendu héroïquement la France [...] ? Qui ne se souvient des fours de la honte installés par l'occupant dans la région de Guelma [...] ? Ces fours étaient identiques aux fours crématoires des nazis". C'est la première fois depuis l'indépendance que l'Etat algérien demande officiellement à l'Etat français de reconnaître ses crimes coloniaux et de demander pardon pour les souffrances imposées au peuple algérien.

A la fin 2006, le projet de traité d'amitié franco-algérien, présenté par le gouvernement français comme naturel en 2004, semble ajourné pour une durée imprévisible. Pour ceux qui connaissaient l'histoire de la revendication algérienne de repentance de la France depuis 1990, cet échec au moins temporaire n'a rien de surprenant: ce qui est surprenant, c'est l'optimisme démesuré affiché par la partie française en 2004, et son inconscience apparente de la contradiction entre la loi du 23 février 2005 et de la revendication algérienne, dont le président Bouteflika a fait à partir du 8 mai 2005 la condition impérative à la conclusion du traité.
Cette condition est-elle acceptable? La signature d'un traité unilatéral va-t-il beaucoup plus loin que les accords bilatéraux d' Evian? Il appartiendra aux politiques et aux citoyens français d'en décider à partir d'une réflexion plus sérieuse et plus lucide que celle qu'ils ont eue ou n'ont pas eue, jusqu'à présent sur cette question capitale.

Travail réalisé par Justine et Ghizlaine

Sources:
-Article Le Monde: Lundi 9 mai 2005
-Historia n° 695, novembre 2004
-Article Libération: samedi 7 et dimanche 8 mai 2005
-L'Histoire n°318, mars 2007

-Témoignage de Aziz Bedaoud (pour la seconde partie)